Paris veut transformer un tiers des bureaux vides en logements

Le Point – Publié le 21/04/2015 à 16:59 – Modifié le 21/04/2015 à 17:22

« La transformation de bureaux en habitations est une priorité absolue », a assuré Ian Brossat, évoquant un « levier majeur » pour renforcer la mixité sociale.

Transformer en logements près du tiers des bureaux vides de la capitale, tel est l’objectif de la mairie de Paris, qui y voit un « levier majeur » pour renforcer la mixité sociale au coeur de la ville. « La transformation de bureaux en habitations est une priorité absolue, car si nous voulons construire des logements nouveaux, il faut partir du bâti existant, c’est une évidence. Paris est la ville la plus dense d’Europe« , a déclaré Ian Brossat, l’adjoint en charge du Logement (PCF), en faisant visiter à la presse trois opérations emblématiques. Il y voit « un levier majeur pour introduire de la mixité sociale dans les arrondissements au coeur de Paris ». De 2001 à 2012, 378 600 m2 de bureaux ont été transformés en quelque 5 400 logements dans la capitale.

Afin de faciliter ces opérations à la rentabilité économique encore aléatoire, la maire de Paris Anne Hidalgo a demandé dans un courrier au gouvernement qu’elles puissent être « exonérées de taxes d’aménagement et aussi, de manière temporaire, de taxe foncière », a rapporté Ian Brossat. « Nous sommes dans l’attente d’une réponse. » Toutefois, cela grèverait « les finances de la ville, et non celles de l’État », a-t-il souligné.

L’objectif de la municipalité est désormais de transformer en logements « 250 000 m2 d’ici 2020 », sur les 800 000 m2 de bureaux vides (dont 300 000 m2 jugés « obsolètes », éloignés des exigences des entreprises), répertoriés par une étude de l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme). Aujourd’hui, 40 % des surfaces de bureaux obsolètes sont situées dans les 8e et 9e arrondissements, et ce sont souvent des immeubles haussmanniens auxquels il est facile de rendre leur vocation initiale d’habitation. Sur les trois opérations immobilières « exemplaires » mises en avant mardi, deux ont été réalisées dans des immeubles rachetés par la Ville de Paris, qui s’est fixé l’objectif de financer 7 000 à 7 500 logements sociaux par an dans la capitale.

Une trentaine d’opérations en 6 ans

Dans le très cossu 6e arrondissement, un bel immeuble des années 30 appartenant au ministère de la Défense va abriter une résidence de 107 logements pour étudiants et jeunes travailleurs ainsi qu’un foyer de 20 logements adaptés aux personnes ayant un handicap mental. L’opération, qui sera livrée en juillet, aura coûté 14,7 millions d’euros.

Et dans le 4e arrondissement, quai des Célestins, d’anciens bureaux de la Ville de Paris ont cédé la place l’an dernier à une « maison des générations » aux imprenables vues sur la Seine. Deux immeubles, l’un haussmannien et l’autre art déco, ont été réunis autour d’une cour intérieure abritant des espaces communs à un foyer de jeunes travailleurs (de 47 logements sociaux PLAI, destinés aux plus modestes) et à une résidence pour personnes âgées (45 logements PLUS, ciblés sur les classes moyennes), pour 11,2 millions d’euros.

La régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), qui a réalisé une trentaine d’opérations de ce type en 6 ans, a signé avec l’État un bail emphytéotique de 55 ans, ce qui réduit le coût du foncier.

L’amiante fait bondir le coût

Menée par le groupe de BTP Eiffage, propriétaire des murs et maître d’ouvrage, la dernière opération, entièrement privée en revanche, a permis de créer 544 logements (étudiants et résidentiels) dans une tour de 18 étages des années 70, Le Palatino (13e arrondissement). Eiffage, qui « veut accompagner la Ville de Paris dans ce type d’opérations », créera en juin « un fonds d’investissement dédié » à l’achat d’immeubles, a annoncé Philippe Plaza, directeur général d’Eiffage Immobilier. « Si nous pouvons développer des opérations privées, de logements sociaux ou mixtes dans ce cadre-là, nous sommes très preneurs, forts de l’expérience du Palatino », a-t-il dit.

Une expérience douloureuse : le retrait de 1 000 tonnes d’amiante a fait bondir le coût de l’opération à 43 millions d’euros, soit 10 millions de plus que prévu, réduisant à néant sa rentabilité. « Nous y serons très attentifs désormais », dit Philippe Plaza.

Une exposition intitulée « Métamorphoses », du 22 avril au 24 mai au Pavillon de l’Arsenal, illustre tous les aspects de la transformation de bureaux en logements.